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Le prix à payer

Cendre

 

coeur-en-sang.jpgSB/Scorpius_détail

Nous avions eu peur, il fallait mettre fin aux tourments, nous attacher l’un à l’autre par les rets d’un contrat réciproque. Après cette escarmouche, nous étions prêts pour le « je t’aime ». Le serment fut prononcé deux semaines plus tard lors d’une promenade à bicyclette sur une route de Provence où nous passions quelques jours à l’occasion de la Toussaint. A mon aveu, Rebecca faillit tomber de sa machine. J’étais moi-même très ému et accélérais le mouvement comme si la vitesse ôtait à la révélation un peu de son sérieux ; à tel point que Rebecca me fit répéter plusieurs fois de peur d’avoir mal entendu. Ainsi l’irréversible était-il commis : et le « je t’aime » une fois avoué avec son corollaire impératif « aime-moi », il ne s’agit plus de dédire, il faut éponger la dette jusqu’à épuisement. Nous avions colmaté l’incertitude, nous allions en payer le prix.


Extrait de Lune de fiel de
Pascal Bruckner

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Commentaires
L
Je suis touchée par ce texte... Tellement vrai... Y a encore des crétins pour confondre l'amour et le bonheur béat ?
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P
très très juste, le corrolaire impératif.
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